Une question de prime abord qui me semble difficile car tellement vaste et en même temps si simple à aborder.
Rien qu’en partant du langage courant, on rencontre différentes images liées à l’amour qui représentent différentes phases ou différentes façon de le voir comme :
- L’amour vache
- L’amour est aveugle
- Un amour dévorant
- Un amour passionnel
- L’amour épicurien
- Un amour fusionnel
- L’amour sincère, sans artifice ni compromis
- Un amour platonique
- L’amour interdit
- L’amour véritable
- L’amour éternel
L’amour de fait c’est beaucoup de choses et ça fait se poser beaucoup de questions ?
L’amour est-il masculin ou féminin ? L’amour est-il éphémère ou éternel ? L’amour est-il une preuve de force ou une preuve de faiblesse ? L’amour est-il rayonnant ou étouffant ? Où commence l’amour et où s’arrête-il ? Quand on aime plus, est-ce qu’on aime encore ? Sommes-nous capable d’aimer pour toujours, à jamais ?
En fait, l’amour quand on le regarde comme ça, fait peur et en même temps c’est une tentation presque magnétique, pour beaucoup d’entre nous. Mais l’amour c’est quoi du coup ? On en revient au même point.
Voici donc mon point de vue au travers de mon expérience personnelle.
La famille
Tout commence dans mes souvenirs, par la famille. Mes deux grands-mère et mes deux grands-père, ont été pour moi des sources d’expériences de vie incroyables pour apprendre à comprendre la vie et l’amour.
L’amour c’est prendre soin de l’autre.
Quand j’étais petite, une des premières choses que j’ai remarqué, c’est que nous vivions avec nos grands-parents mais aussi nos arrières grands-mère. Ma mamie, s’occupait tous les jours de ma mémé et je l’aidais. Pour ma grand-mère, il n’y avait rien de plus important que d’aider et d’aimer les autres comme soi-même, d’apporter à l’autre l’aide qu’on aimerai recevoir si on en avait besoin. Bienveillance et gratitude était de mise même quand mémé perdait la tête.
L’amour c’est veiller sur l’autre.
Quand on tombait malade ou qu’on se blessait, elle était toujours là pour s’occuper de nous, nous soigner, nous rassurer avec des histoires et nous aider non pas à regarder notre souffrance mais nous projeter vers la guérison.
L’amour c’est aussi partager nos expériences
J’ai passé des heures à écouter les histoires de mes grands-parents mais également à partager leur quotidien. J’ai appris à pécher, chasser, comprendre la nature, la forêt et le magnétisme qui nous entoure avec mon grand-père maternel, j’ai compris ce qu’était la guerre également et à quel point on peut être forcé à faire des choses qu’on ne veut pas.
J’ai appris à coudre, à cuisiner, pâtisser et broder avec ma mamie, en plus des devoirs d’école mais également à évoluer en société. Mon autre mamie, elle m’a partager sa vie intime et ésotérique et m’a permis de me rendre compte que tout n’est pas si rose.
Les mémoires
Ma grand-mère paternel n’a pas connu l’amour. Elle a épousé mon grand-père par convention pour lier les familles. Ses plus grands amours, c’est l’amour qu’elle avait pour ses frères et l’amour qu’elle avait pour son fils (mon père).
L’amour c’est quand l’autre nous manque.
Au contraire de mes grands-parents maternel qui s’aimaient et s’aiment encore après plus de 60 ans de mariage. Mes grands-parents paternel se sont toujours engueulés et ma grand-mère disait ouvertement à tout le monde qu’elle n’aimait pas mon grand-père mais, à l’époque ça ne se faisait pas de divorcer. Mon grand-père était volage et ça a beaucoup fait souffrir ma grand-mère. Il s’est rendu compte de son amour pour elle quand elle est morte mais, là encore, était-ce vraiment de l’amour quand un jour il me dit » Je me rends compte des petites choses qu’elle faisait pour moi, la lessive, le ménage, la nourriture et les conversations et ça me manque terriblement. «
Les parents
J’en viens du coup à mes parents. Quels amour ont-ils eu pour moi ? Comment se sont-ils aimés ?
Je n’ai manqué de rien dans ma vie, sauf d’amour. J’ai eu une enfance très heureuse et j’ai beaucoup de chance d’avoir ma famille mais l’amour n’a pas fait partie de l’équation et aujourd’hui, je sais le dire.
Pourquoi je dis ça aujourd’hui ? Parce qu’en lisant le livre sur les 5 langages de l’amour de Gary Chapman, ça m’a aidé à mettre des mots sur des choses que je ne comprenais pas. Je n’ai pas le même langage de l’amour que mes parents.
L’amour au cinéma
Mes parents se sont rencontrés comme dans un film d’hollywood, ma mère avait cours dans la classe de mon père mais, elle pensait qu’il ne l’avait jamais remarqué et un jour ils se sont bousculés dans le couloir, ma mère à renversé tous ses livres et mon père l’a aidé à ramasser.
Ils m’ont eu, j’ai passé mes quatre premières années principalement chez mes grands-parents avec ma tante et mémé puis, mon frère est arrivé et ils se sont mariés. J’ai reçu la meilleure éducation, été dans les meilleures classes et n’ai jamais manqué de rien mais, je n’ai jamais eu un seul « Je t’aime ma chérie, je suis fière de toi, tu es une fille géniale, tu feras de grande choses. », ni un seul calin de la part de mes parents. Au point où quand je suis arrivée dans l’âge où l’on découvre la sexualité, un calin pour moi avait une connotation sexuelle et il a été hors de question jusqu’à mes 26 ans d’en faire à mes amis, mes proches.
Le mimétisme
Une idée faussée mais pourtant si réelle
Voici, l’idée de base que j’avais de l’amour en me lançant dans la vie comme adulte :
« L’amour c’est magnifique, ça peut-être puissant et inébranlable quand on tombe sur la bonne personne et qu’on l’aime vraiment mais on peut également faire beaucoup de mal avec l’amour et ne pas se comprendre.
Pour autant, j’ai besoin d’être aimée car je ne l’ai jamais été, je ne sais pas vraiment ce que c’est, ce que ça fait d’être aimée mais ce que je sais c’est que je ne lacherai rien et que j’ai de l’amour à revendre. »
On le comprend rapidement, je suis partie pour faire plusieurs boulettes dans ma vie et éprouver le concept d’amour tout du long. C’est avec ces convictions candides mais pour moi bien réelles et comme la vérité vraie que je me lance dans ma vie amoureuse et affective pour me casser les dents sur le concept d’amour.
L’amour passion mais l’amour vache
Mon premier amour, j’ai tout eu ou presque. La passion, la phase lune de miel, la peur de le perdre, la jalousie, la peur de ne pas être assez bien, la peur de mourir, de devenir folle, de me perdre, de ne pas l’aimer assez, de l’aimer trop… J’ai cru mourir plus d’une fois par peur de le perdre. J’ai faillit mourir plus d’une fois par amour pour lui et volonté de rester au nom de l’amour. Je me suis perdue physiquement, mentalement et sexuellement parlant.
L’amour et la peur
Il m’a fallut des années pour me rendre compte que j’avais cherché à compenser des manques avec cet amour, que j’avais cherché à reproduire des schémas familiaux qu’on m’avait appris mais étaient-ce vraiment les miens ? Et même si cet amour passionnel, qui pour moi ne devait jamais mourir, m’a fait beaucoup souffrir, aujourd’hui, je vois aussi tout ce que ça m’a apporté car maintenant, je suis capable de comprendre ce qu’est l’amour pour moi et cet amour est tout autre !
Le tourbillon
Je fini par avoir peur de l’amour, sans me le dire et part dans un cercle de dépendance affective et sexuelle infernale. Je cherche l’amour éperdument mais, le repousse et ce manque me rends malade. Au point de consommer à ne plus en dormir.
Impossible de rester stable. J’oscille entre plans culs et relations, en faisant mal autour de moi car ayant la fâcheuse habitude pour ne pas vouloir souffrir plus ; je mets fin aux relations d’un soir, comme de plusieurs mois, par le mutisme et la disparition de la circulation. Je bloque, je braque, je ferme la discussion, comme la relation. Mon coeur est brisé et ne veux plus écouter alors qu’il cherche éperdument à aimer.
La fatigue
Un amour qui soigne
Malgré tout, ma bonne étoile met sur mon chemin quelques bonnes personnes et prises de conscience. J’apprends à découvrir l’amour, ne plus l’apprivoiser mais l’embrasser, lui faire confiance, me relâcher, arrêter de d’esquiver, de fuire.
Je fatigue et l’amour me tant les bras. Je me dis alors pourquoi pas, un peu de douceur, de tendresse, quelqu’un qui pense à moi tout en me laissant ma place, sans m’étouffer… ça peut faire du bien. Alors j’accueille l’amour à bras ouvert.
Cet amour, il est doux, il est chaud, gourmand, passionné et passionnant. Il m’inspire, me libère, ravive en moi des sentiments et sensations que je n’avais pas connu depuis l’adolescence, âge où les hormones sont en feu. Il en vient même à s’ouvrir et se partager comme une boîte de chocolats qu’on reçoit et qu’on ouvre à la St Valentin.
Mais cet amour, il est bancale. Un décalage de perception, un décalage de valeur et l’illusion se dissipe comme un nuage de fumée. Ce mirage était parfait mais une fois dedans plus rien n’y paraît.
Alors je souffre, je prends sur moi en me disant, c’est une passe. Dans l’amour, il y a des haut et des bas, si je veux atteindre 60 ans comme papi et mamie, je dois savoir les traverser. Sauf que 60 ans sans s’aimer, si je veux être heureuse en amour et ne pas faire comme mamie, ne pas mourir dans la haine de l’autre, la déception… Alors je dois choisir.
Je voudrais que tu sois là
Que tu frappes à la porte
Et tu me dirais c’est moi
Devines ce que j’apporte
Et tu m’apporterai toi.
Boris Vian
Je me dis qu’être égoïste c’est peut-être ça. Pour une fois, je vais faire ce choix non pas par peur mais par amour car si je souffre, je ne veux pas faire souffrir l’autre, alors j’arrête.
Encore.
L’Amour avec un A
Le doute
En très peu de temps j’envoie tout balancer, amour, patron, famille, appartement. Je révise ma vie et cherche qui je suis, quelles sont mes envies, quelle est ma personnalité.
Je me rends compte que pour être aimée, il faut s’aimer et que je suis très mauvaise à cet exercice. J’ai toujours cherché à être aimée, à faire plaisir, être la fille, la femme parfaite. Mais pour qui ? Pour quoi ? Pour l’autre et non moi ! Alors ce que j’aime, est ce que je l’aime pour moi ou pour l’autre ? Parce que je me suis dis que aimer ça, me rapprochera de l’autre ? Le doute m’envahit.
Je me rappel quand j’étais ado, l’oracle de l’amour. J’ouvrais une page au pif le matin et j’avançais avec cette croyance. Souvent je me disais « c’est du grand n’important quoi » puis deux seconde après, je me disais « et si jamais ? ».
« Et si jamais ? » cette question qui n’a ni fin, ni début. Elle a bien faillit me perdre. Jusqu’à ce que je comprenne qu’être aimée pour qui l’on est et non pour qui l’on semble être pouvait tout changer.
L’Amour de soi et l’Amour de l’autre
Là j’ai compris. L’Amour, ce n’est pas chercher à satisfaire l’image que l’autre se fait de nous. L’Amour ce n’est pas chercher à répondre à la norme qu’a érigé, on ne sait qui, qu’on appel société.
L’Amour c’est savoir qui l’on est. C’est savoir où on est et pourquoi sans émettre de doute parce que l’autre nous questionne sur nos convictions. L’Amour c’est savoir ce que l’on vaut et être sûre de soi. L’Amour c’est avant tout savoir s’accepter et s’aimer soi-même avec nos qualité et nos défauts. Cet amour personnel et intime de soi, c’est la porte de l’Amour de l’autre.
Savoir qui on est, qu’elles sont nos envies, nos limites, c’est poser les bases d’un respect qui invite à l’amour sincère. Car en étant soi-même, on ne peut être aimée que pour qui l’on est en tout état de cause. Aimer deviens alors, certes savoir prendre soin de l’autre mais, aussi savoir être égoïste à juste mesure.
L’apaisement
Les gens pensent que l’intimité, c’est le sexe. Mais l’intimité concerne la vérité. Lorsque vous réalisez que vous pouvez dire votre Vérité à quelqu’un, lorsque vous pouvez vous montrer à lui/elle tel.le que vous êtes réellement, et que sa réponse est : « Tu es en sécurité avec moi », c’est ça l’intimité.
Christiane Singer
Aujourd’hui l’amour, pour moi, c’est un apaisement. Je n’ai plus besoin d’être à l’image que l’on a façonnée pour moi, d’être la femme qu’on imagine que je suis.
Je suis juste moi.
Aucun état d’âme alterné, aucune frustration, aucun refoulement par peur de la réaction de l’autre.
Je me sens libre.
Libre d’aimer.
Libre d’être aimée.
Libre d’être moi, sans filtre.
Libre d’aimer l’autre comme il est.
Libre car je ne cherche plus à satisfaire ou à sauver mais parce qu’on avance ensemble, on se sauve l’un l’autre, on est là l’un pour l’autre, sans conditions sinéquanone. On avance à côté sur deux chemins qui se rejoignent de temps à autres, qui se juxtapose mais, rarement s’oppose.
Libre, car je respire, je vie.
Libre car le soleil inonde mon coeur et quand un orage arrive, à l’horizon car une bourrasque à soulever une ombre tapis là, je me sens en sécurité.
Libre de vivre mes émotions, mes peurs, les accueillir, les partager et les laisser s’en aller.
L’amour
L’amour c’est en définitive, un concept qui rassemble tout notre historique de vie, nos craintes, nos envies, nos frustrations, nos aspirations et les condense en un tas d’émotions. Ces émotions, on les confrontes, on les fait évoluer pour les enrichir et renforcer nos valeurs, notre sentiments d’amour.
L’amour c’est ce qui nous permet d’aller vers les autres, c’est l’impulsion de vie, le mouvement. C’est quelque chose qui nous permets d’évoluer tout au long de notre vie car ce concept lui-même est en constante évolution.
L’amour c’est quelque chose qui nous veut du bien mais parfois nous fait mal pour nous aider à guérir de blessure passées, parfois inconscientes. C’est quelque chose qui nous pousse dans nos retranchements, parfois très loin pour nous forcer à écouter.
L’amour c’est un murmure qui nous susurre à l’oreille, qui nous sommes et ce que l’on veut vraiment mais qu’on écoute pas toujours. Il nous saoule, il nous enivre. Il est toujours là à côté de nous. Nous réchauffant, comme le doux calin des bras d’une personne qui nous veut du bien.
L’amour nous rend fou, nous rend heureux, nous fait souffrir, comme une addiction, on en veux toujours plus, plus fort, plus profond. Des guerres ont été menées au nom de l’amour. Des meurtres ont eu lieu parce qu’on aime. On a sauvé des vies et on en a détruites par amour.
En définitive, l’amour, bien qu’universel dans son appellation, est quelque chose de très personnel. Notre définition de l’amour est à notre image.
On dit souvent : « De toutes façon, on a que ce que l’on mérite. » J’aimerai rectifier cette phrase et dire : « De toutes façon, on a que ce que l’on pense mériter. »
Et nous méritons tous d’être aimés.