Avec le producteur du podcast EcouteGay, nous avons tenu un live pour parler de l’affaire Mazan. Je te laisse écouter le replay.
Depuis le 5 septembre 2024, Dominique Pélicot est jugé devant la cour criminelle du Vaucluse. Pendant dix ans, il a drogué celle qui était alors son épouse afin de la soumettre sexuellement à des inconnus rencontrés sur Internet. Avec 50 co-accusés, il va devoir répondre des dizaines de viols infligés à son ex-femme, alors inconsciente.
Les faits remontent jusqu’à 2011. Pris la main dans le sac parce qu’il n’a pas pu s’empêcher de prendre en photos le dessous des jupes de trois femmes. Trois femmes qui ont porté plainte. Son téléphone réquisitionné stockait les photos des dites jupes mais bien pire… plus de 20 000 clichés et vidéos de sa femme inerte, droguée, aux prises de dizaines d’hommes différents. Cette découverte déclenche une enquête, perquisitions, procédures en 2020 et aujourd’hui 2024 le procès.
C’est le vigil du magasin qui décide de garder le téléphone pour le donner à la police qui y découvre des centaines de clichés d’une même femme qu’il finisse par supposer être Gisèle Pélicot. Ils décident de perquisitionner chez lui tout le matériel informatique qu’ils trouvent, cartes SD, caméras, ordinateurs, disques durs… C’est plus de 10 ans d’archives qu’ils découvrent.
Caroline leur fille témoigne en 2023 dans le podcast “Transfert” du choc que ça à été de découvrir tout ça quand sa mère l’appel après une journée de travail pour lui annoncer en plein covid que son père à fait d’horrible choses et qu’elle a passé la journée au commissariat.
Dans ces archives ils y découvrent une femme inconsciente, inerte, droguée systématiquement, des attouchements, des viols, des viols collectifs mais également des photos dénudées et inconsciente de Caroline leur fille. La police recueille également des témoignages comme quoi monsieur Pélicot conseil sur la meilleur façon de soumettre chimiquement sa femme pour certains participants qui aimeraient faire ça à la maison.
Cette affaire à des proportions et des ramifications innommables.
Aujourd’hui, les avocats des 50 coaccusés de Dominique Pelicot ne contestent pas la matérialité des faits, tous filmés par le retraité, mais tentent de se positionner autrement. En effet, les sévices remontraient au moment où Dominique Pélicot aurait été en retraite et se serait renforcée une fois sa femme elle même à la retraite et le couple ayant déménagé à Mazan.
L’épouse souffrait de plus en plus d’absences, en quelques années à perdu 10kg, se retrouve décharnée avec des poches sous les yeux, des douleurs, des hémorragies, un utérus enflammé. Des gynécologues qui ne s’inquiètent pas, ne comprennent pas, font de la bobologie à traiter les symptômes sans chercher la cause.
La famille ne voyant pas le corps médical s’inquiéter, après avoir cherché différentes causes et mettant ça sur le dos de la ménopause et du surmenage, sur le dos d’un profond besoin de se reposer alors qu’elle était auparavant pétillante, s’inquiète mais fait confiance et tombe des nus quand ils comprennent que ces absences répétés étaient en fait dû au cocktail d’anxiolytiques et de somnifère que leur père donnait à leur mère pour la violer et la prêter.
A cause des centaines de photos et vidéos conservées par Dominique Pelicot, les accusés ne peuvent pas nier les rapports sexuels avec la victime. Faute de pouvoir contester la matérialité des faits, la majorité d’entre eux fondent leur défense sur l’absence d’intentionnalité de leur geste : ils assurent qu’ils n’avaient pas conscience de commettre un viol, disent avoir cru à un jeu libertin voulu par le couple, dans lequel Gisèle Pelicot aurait fait semblant d’être endormie. « Je conçois que c’est un peu spécial, mais on peut avoir affaire à une personne timide », a ainsi avancé Jacques C., 72 ans, lors de son interrogatoire.
Dès le 17 septembre, jour de son interrogatoire, le septuagénaire avait donné le ton : « Je suis un violeur comme ceux qui sont dans cette salle. (…) Ils savaient tous, ils ne peuvent pas dire le contraire. » Ainsi, lorsque Lionel R., 44 ans, a répété ne pas avoir violé Gisèle Pélicot de manière « volontaire », Dominique Pelicot a pris soin de contredire plusieurs de ses déclarations. « Je lui avais dit que j’avais drogué ma femme au petit déjeuner », a-t-il assuré, précisant avoir écrasé des cachets de Temesta dans son café, Lionel R. faisant partie des rares accusés à s’être rendu chez les Pelicot en plein jour. « Il m’a même demandé comment ça se passait, il se garde bien de le dire », a-t-il ajouté, d’un ton monocorde, mais toujours très assuré.
Face à ces attaques du principal accusé, la défense s’emploie donc à démontrer que la plupart de leurs clients se sont retrouvés sous la coupe d’un homme « impressionnant » et « autoritaire ».
Lors du procès, des clichés, la septuagénaire apparaît nue, dans des mises en scènes très suggestives sont montrés par Isabelle Crépin-Dehaene avocate de la défense. Celle-ci affirme qu’il s’agissait essentiellement de prouver que, si ces images avaient été envoyées à certains accusés (ce que Dominique Pelicot réfute), elles pouvaient laisser penser que Gisèle Pelicot était consentante pour une rencontre échangiste.
Les co-accusés étaient trouvés par Dominique Pélicot sur coco.fr, site fermé depuis par décision de justice. Ce site à sucité beaucoup de déboire dans la presse car également l’un des site référencé par “Médiapart” pour les Guet-apens homophobes.
Nous allons définir des termes qui sont important à saisir dans cette affaire :
- fantasme
Construction imaginaire, consciente ou inconsciente, permettant au sujet qui s’y met en scène, d’exprimer et de satisfaire un désir plus ou moins refoulé, de surmonter une angoisse. - viol
Rapport sexuel imposé à quelqu’un par la violence, obtenu par la contrainte, qui constitue pénalement un crime.
Le premier alinéa de l’article 222‑23 du code pénal est ainsi rédigé : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco‑génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur sans consentement donné volontairement est un viol.
- soumission chimique
La soumission chimique désigne le fait de droguer une personne à son insu ou sous la menace à des fins délictuelles ou criminelles. Elle se distingue de la vulnérabilité chimique, qui consiste à profiter de l’état de fragilité d’une personne ayant librement consommé des substances pour l’agresser. Elle est le plus souvent employée à des fins de viol ou d’agression sexuelle, mais concerne aussi par exemple des enfants, pour n’avoir pas à s’occuper d’eux, des personnes des deux sexes pour les voler, ou peut être utilisée pour faciliter la séquestration. - consentement, présomption de consentement
Le terme « consentement » implique un accord, un assentiment ou une permission. La notion repose donc sur l’idée de volonté. De manière négative, il faut entendre l’absence de consentement comme le fait de refuser une proposition, voire de ne pas donner son accord. L’expression « qui ne dit mot consent » montre justement la difficulté de définir le consentement. La frontière entre le verbe « supporter » et le verbe « consentir » peut parfois être floue.
Le consentement sexuel est compris comme l’accord à participer à une activité sexuelle, c’est-à-dire à l’accepter après une décision éclairée qui ne doit pas être prise sous l’effet de la contrainte ou de la menace. - échangisme et libertinage
L’échangisme consiste pour deux couples à échanger temporairement leur partenaires, pendant les différentes phases du rapport, en vue d’une relation socio-sexuelle.
Conduite de celui qui a des mœurs très libres, qui s’adonne sans retenue aux plaisirs de la chair. - safe sex ou sécurisexe
- Utiliser des préservatifs et du lubrifiant à base d’eau ou de silicone lors de pénétrations anale;
- Éviter de prendre du sperme en bouche;
- Prendre la PrEP (pre-exposure prophylaxis), un traitement permettant aux personnes séronégatives de ne pas contracter le VIH (attention ca ne protège pas des IST)
- Après un accident de préservatif (rupture, oubli, etc.), consulter un•e médecin d’urgence le plus rapidement possible. Un traitement post exposition ou TPE peut être effectué dans un délai maximum de 48 heures.
- En cas de relations sexuelles avec plus d’un partenaire, effectuer au moins une fois par an un dépistage pour les principales infections sexuellement transmissibles (IST). Les cinq plus fréquentes (aussi appelées Big 5) sont : la gonorrhée, la chlamydia, la syphilis, les hépatites et le VIH.
- En cas de symptômes grippaux après une pénétration anale sans protection (préservatif et/ou PrEP) avec un partenaire de statut VIH inconnu ou incertain, effectuer un dépistage du VIH.
- Toujours nettoyer et désinfecter les sex-toys, tels que les godemichés, et utiliser un préservatif avant de changer de partenaire ou d’orifice.
- Toujours utiliser des gants pour le fisting, les changer à chaque changement de partenaire et ne pas partager les pots de gel.
- Ne pas partager son matériel de consommation de substances (seringue, paille…), ses articles de toilette (rasoir, brosse à dents…), ses sex-toys, etc.
- Sexe en groupe: utiliser un nouveau préservatif lors de chaque changement de partenaire. Éviter d’utiliser à plusieurs un même pot de gel pour éviter les risques de transmission de l’hépatite C.
- Se faire vacciner contre les hépatites A et B et contre le HPV (papilloma virus).
- emprise
Ascendant intellectuel ou moral exercé par quelqu’un ou quelque chose sur un individu. La pulsion, véhicule psychique de la sexualité, peut-elle s’envisager indépendamment du pouvoir dans les conduites humaines, l’exacerbation de la possessivité jusqu’à la violence la plus destructrice ?
QUESTIONS
Comment on en arrive à ce type de violence ?
Souvent et c’est le cas ici, l’agresseur a vécu dans sa vie, son enfance des violences similaires ou vécu dans un environnement violent, ce qui amène à une déformation de ce qui est bien ou non, accepté ou non par la société, témoignage d’amour ou pas.
- Qu’est ce qu’implique cette affaire ?
Une redéfinition de la notion même de viol si les accusés sont acquittés.
- Peut-on considérer l’absence d’empathie comme terreau à de telles horreurs, comme celles perpétrées dans l’affaire Mazan ?
L’absence d’empathie dénote d’un trauma sous jacent, moins on en fait preuve, plus on se rapproche de la sociopathie mais n’implique pas d’effet comme celui-ci. - (Vu dans la mini-série Mon petit renne sur Netflix) Est-ce qu’un viol sur un adulte peut remettre en question ou faire évoluer sa sexualité (par exemple : pas attiré par les hommes, puis l’est devenu après malgré le viol venant d’un autre homme sur lui) ?
Oui un viol peut influencer la sexualité de diverses manière dont celles-ci. Il a été démontré notamment sur des pédophiles que eux même avec vécus des actes pédocriminel dans leur enfance. - Comment réagir face à quelqu’un qui semble avoir été violé ?
Si c’est sur le moment, la meilleur chose est d’appeler les secours en précisant les faits. Poser des questions à la personne en cherchant son consentement comme : est ce que ça va ? est ce que tu veux un verre d’eau ? une couverture ? mais une victime de viol peut etre agressive également, tout en restant sur ses gardes il ne faut pas réagir à l’aggression par une autre mais l’accueillir par notre présence bienveillante. Autrement, il faut lui changer les idées le temps que les secours arrive, l’humour est de bon ton ou des histoires, annecdotes.
- Est-ce qu’on peut lui poser la question frontalement si on a un doute ?
Si c’est une suspicion suite à un comportement particulier, on aura tendance à demander si ça va, si c’est toujours ok mais pas à être frontal. - Comment se comporter dans une relation qui semble compliquée si des doutes subsistent malgré le fait que la personne a signalé ne pas avoir subit de viol ? (blocages relationnels, blocages intimes…)
Les blocages que l’on ressent dans un couple sont parfois une simple différence de point de vue sur le fonctionnement et les intéractions d’un couple. Nous avons une expérience de couple parental différent à la base hors c’est notre référence de fonctionnement. Demander à l’autre quel est sa vision du couple, comment sont ses parents, quel rôle il se voit attribué dans le couple peut etre une bonne piste de démarrage.
Les blocages intimes arrivent souvent selon nos mauvaises expériences ou nos appréhensions. La seule chose à faire dans ces moment là c’est se vouloir rassurant et chercher a avancer ensemble vers un déblocage quand c’est consenti et possible.
- Est-ce qu’un rapport sexuel consenti entre deux cousins est considéré comme un inceste (j’ai lu que tout le monde n’était pas d’accord sur la terminologie, et j’ai l’impression que c’est « relativement courant ») ?
C’est un inceste mais c’est un inceste légal ce qui amène à ce flou éthique. Seuls les membres de la famille proche ne sont pas autorisés à se marier ensemble type frère et soeur, parents, grands-parents, oncle et tantes, demi-frère et soeur, neuve ou nièce.
Sources :